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Lectures de Jacques Paradoms
26 septembre 2007

Les lieux communs

Xavier HANOTTE

Aujourd'hui, Bellewaerde, près d'Ypres en Belgique est connu pour son parc d’attractions. Pendant la guerre 14-18, ce fut le lieu de violents combats. Sous la « Rivière sauvage », la « Maison hantée » et les « baraques à frites » (= friteries), de nombreux corps n’ont toujours pas reçu de sépultures décentes.
Par un matin de mai 2001, un car de touristes emmène des collègues de bureau au parc d’attractions ; avec eux, Serge, un petit garçon de huit ans, accompagne sa tante Bérénice.
Par un matin de mai 1915, un vieux bus londonien cahote sur la route défoncée vers Bellewaerde. À l’intérieur, des soldats canadiens montent vers le front. Leur chef, le caporal Pierre Lambert, est un Belge exilé au Canada depuis dix ans suite à un amour malheureux.
L’action des chapitres impairs se déroule de nos jours et celle des chapitres pairs pendant la Grande Guerre. La construction du roman s’écarte cependant de celle de certains thrillers qui proposent deux énigmes différentes se rejoignant à la fin. L’écriture ressemble à celle d’un duo musical où chaque instrument joue sa partie mais répond à l’autre en enchaînant sur la dernière mesure : tonnerre des obus et cris de peur des touristes ; une partie de bataillon se réfugie dans un château en ruines et l’enfant visite le « Château fleuri » ; au front, on s’apprête à repousser un assaut, le doigt sur la détente du fusil et Serge s’essaye au tir-à-pipes.
Au-delà du temps, les gestes se répètent, comme si le présent ouvrait des brèches sur le passé – à moins que ce ne soit l’inverse ? Quel rapport y a-t-il entre la tante Bérénice, ex-maîtresse d’un certain Pierre, et Berthe, l’amour mort de Pierre Lambert ? Qui est cet homme à la pelle que Serge est seul à remarquer et qui fouille le parc alors qu’il n’est pas jardinier ? Que cherche-t-il, qu’il finit par trouver mais sans le révéler à Serge ?
En épilogue, un article de presse relate un fait divers que je ne dévoilerai pas mais qui « classe » l’œuvre (pour autant qu’on puisse « classer » un roman) dans un genre que Xavier Hannotte avait déjà pratiqué avec Derrière la colline : le réalisme magique.

Xavier Hanotte
Les lieux communs
Paris : Belfond 2002

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