Caroline Laurent

Rivage de la colère nous plonge dans un drame historique méconnu.

En 1967, les Mauriciens sont appelés aux urnes pour décider de leur indépendance après 157 ans de présence coloniale britannique. Mais si l'archipel des Chagos dépend de Maurice, il ne va pas bénéficier du même sort.

Maurice n’obtiendra son indépendance que si elle renonce à l’archipel des Chagos qui devient un « Territoire Britannique de l’Océan Indien » (BIOT en anglais). Le Gouvernement britannique loue alors l’île de Diego Garcia aux États-Unis pour qu’ils y installent une base militaire, en faisant passer l’île pour vierge de tout habitant autochtone. Ceux-ci seront donc déportés sur l’ile Maurice.

En 1971, le jour où Les îlois, qui n'ont jamais été consultés sur l'avenir de leurs terres, l'apprennent, ils ont une heure pour faire leurs bagages, rassembler le peu de choses qu'ils peuvent porter (leurs chiens seront gazés avant même qu'ils aient quitté leur île). Parmi eux, Marie, une fille-mère chagossienne tombée amoureuse de Gabriel, un créole mauricien qui travaille pour le gouverneur et donc connaît l’accord secret entre la Grande-Bretagne et Maurice. Mais le « secret d’État » doit être gardé.

Malgré cet amour, Marie, sa famille et ses amis, comme beaucoup de Chagossiens, vont se retrouver, après une traversée éprouvante, exilés et apatrides dans les bidonvilles de Maurice, livrés à eux-mêmes, sans espoir de retour.

« Si les Chagossiens avaient été blancs, jamais ils n’auraient été chassés de cette façon. »

En 2018, Josephin, le fils de Marie et de Gabriel, accompagne la délégation des descendants chagossiens qui vont plaider leur cause à la Cour internationale de justice de la Haye.

Caroline Laurent, auteure franco-mauricienne, associée à cette délégation, mêle la fiction à une réalité plus que jamais d’actualité.

Le 20 février 2020, l'archipel des Chagos redevenait propriété de l'île Maurice. L'ONU a modifié ses cartes mondiales et sous le nom de l'archipel est désormais inscrit « Mauritius ».

Cette nouvelle ne permet pas aux descendants des Chagossiens de revenir demain sur leur terre, mais la restitution de l'archipel prend forme. Ils vont devoir être patients, l'armée américaine occupe toujours leur pays. Cette victoire n'est pas que symbolique. Elle intervient après 48 ans de combat juridique contre les plus grandes puissances de la planète. Dans les faits, les Chagos sont toujours occupées, mais judiciairement cette installation militaire n'a plus lieu d'être.

Rivage de la colère

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